Dora Maar
Dora Maar a longtemps été connue comme l’amante et la muse de Pablo Picasso, cependant cela a changé : elle est maintenant reconnue pour son talent de photographe et de peintre !

Cette photographe, de son nom de naissance Henriette Dora Markovitch, naquit à Paris en 1907.
D’origine croate et française, Dora Maar voyagea avec son père et sa mère à Buenos Aires mais ils revinrent à Paris en 1926. Quatre ans après, Henriette Dora Markovitch choisit le pseudonyme Dora Maar. Elle étudia à l'Union centrale des arts décoratifs, à l'École de photographie, à l'Académie Juliann et à l'École des Beaux-arts. Elle fit la connaissance de Henri Cartier-Bresson à l’atelier d’André Lhote.
Dora Maar, © Agence photo de la RMN-GP
Dora Maar partit dans les années 1929, à Barcelone et à Londres, afin de capturer les dégâts de la dépression économique causée par la crise boursière des États-Unis.
En rentrant à Paris, elle établit un nouvel atelier de photographie en 1930. Ainsi débuta sa carrière de photographe : elle eut de nouvelles relations comme le photographe Brassaï ou Louis-Victor Emmanuel Sougez, son mentor dans la photographie.
Elle travailla aussi comme photographe sur le plateau de Jean Renoir.

Portrait d’Ubu, 1936 © Dora Maar

Espagne, Mendiant aveugle, 1934
© Dora Maar
Dora Maar dans cette photographie met en scène un mendiant assis devant un rideau de fer, celui-ci tient quelque chose caché sous un drap et tend une assiette aux passants. Les yeux aveugles de cet homme ressortent à tel point que l’on peut se tromper sur son état. Il semble attendre patiemment une main généreuse et humaine.
Elle fut menée à la peinture à cause de sa rupture avec Picasso, elle laissa de côté la photographie. Elle rencontra le peintre Nicolas de Staël dans le mouvement de l’art abstrait. Mais ce n’est qu’en 1999 que les oeuvres picturales de Dora Maar deviennent connues de tous. Elle s’illustra dans la peinture à travers des portraits voulant représenter les séquelles de l’après-guerre : Le Portrait d’Éluard, l'Autoportrait à l’enfant. Elle peignit de plus des paysages et ceux-ci traduisent le dur rapport de Dora Maar avec son passé.
Elle mourra en 1997 après s’être tournée vers le catholicisme.
Nous avons là un symbole du Surréalisme, apparaissant déjà dans le titre : Ubu. C’est une référence au Père Ubu, personnage fictif du théâtre moderne tirant vers le monstre, hideux et informe. Le personnage de Dora Maar ici apparaît dans une étrange ambiance vaporeuse : il est sans réelle forme, impossible à identifier car il ressemble de prime abord à un éléphant mais les griffes et la peau s’apparentant à celle d’un lézard perturbent et brouillent la tentative d’identification. Le Surréalisme est totalement en oeuvre dans cette photographie.
Bien qu’elle souffrit de la rupture de sa liaison amoureuse avec Pablo Picasso, nous possédons les photographies qu’elle fit des étapes de la création d’un des très célèbres tableaux de ce dernier : Guernica. Picasso l’a souvent peinte en larmes et Dora Maar elle-même a peint une série d’autoportrait : La Femme qui pleure. Une fois leur relation finie, elle fit tout pour échapper à l’influence de ce dernier.
Dora Maar s’inscrivit dans le mouvement surréaliste avec ses photographies, ses collages ou bien ses photomontages par exemple en 1936 elle présentait Portrait d’Ubu, symbole du mouvement, 29 rue d’Astorg ou Sa sœur noire.

29, rue d’Astorg, vers 1936
© Dora Maar
Cette étrange créature, rappelant celle d’Ubu, se présente assise sous de grandes arcades difformes. Cela donne une perspective encore plus étrange à la photographie. La créature semble sourire, son épaule dénudée et le drapé de la robe donnent une touche poétique. Regarder cette photographie procure une sensation moins curieuse que celle du Portrait d’Ubu.